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Manuelita

28 avril 2009

Un au revoir...certainement pas un adieu!

Je quitte ce pays, de l'autre côté du monde ... ce pays aux mille couleurs, au mille odeurs, aux mille visages et paysages...

...Ce pays où en quelques heures on peut passer de l'épaisse forêt amazonienne aux hautes montagnes des Andes, pour ensuite traverser des kilomètres de bananeraies et atteindre la côte et l'Océan Pacifique...

... Ce pays où l'on peut rencontrer des gens de cultures tellement différentes...tous Equatoriens pourtant. Les indigènes Quichuas des Andes, pour la plupart toujours vétus de leur costume traditionnel. Les Afro-Equatoriens des montagnes où de la côte, descendants des esclaves issus du tristement connu "commerce triangulaire". Les métisses de la côte, pêcheurs et producteurs de mais, de riz, de café. Et puis les nombreux peuples de l'Amazonie, avec tout le mystère qui les entourent, Quichuas, Shuars (les fameux "réducteurs de tête"), Ashuars, Huaoranies (dont certaines branches vivent toujours en "isolement volontaire", principalement dans la Réserve Nationale Yasuni, que l'Etat équatorien et la communauté internationale tentent de sauver de l'extraction pétrolière).

Ces peuples, majoritairement indigènes et/ou paysans, ont une forte représentation politique dans le pays, essentiellement au travers de la Coordination Nationale Paysanne (CNC) et de la Coordination des Nationalités Indigènes de l'Equateur (CONAIE). Ces mouvements politiques ont déjà fait tomber quelques gouvernements. Les élections qui se sont déroulées ce 26 avril ont permis la réélection, haut la main, du président actuel, Rafael Correa. Reste à voir dans quelle mesure ce gouvernement permettra un renforcement de ces représentations paysannes et indigènes. Comme toujours, tout le monde attend de voir ce qu'il se passera vraiment... dans ce pays où... tout est possible, mais rien n'est jamais sûr...

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Je n'en doute pas, je reviendrai...c'est un peu chez moi ici aussi...

A bientôt....

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27 avril 2009

Qu'est-ce qu'on maaaaange?

Je sais que certains d'entre vous sont friands de mes "aventures culinaires"... Outre les déjà trop connues soupes de pattes de poule, plats de cochon d'Inde (vraiment délicieux!), ou autres lasagnes de lama... Il est temps maintenant de vous parler des spécialités de l'Amazonie.

Ici, les animaux sauvages ne manquent pas... et les personnes, principalement indigènes, vivant dans la forêt amazonienne s'en régalent!!

... Singes, agoutis (espèce de gros rat sauvage), tortues de rivière ... dont le sang fraîchement vidé est donné à boire aux enfants pour favoriser leur croissance (mélangé du coca ca passe tout seul...il paraît!)...

Imagen8...Mais il y a aussi et surtout, les MAYONES... de gros vers de couleur jaune qui sont les larves d'un scarabée. On trouve ceux-ci dans le tronc de certains palmiers. La technique étant de tomber l'arbre , en extraire le fameux coeur de palmier (fraîchement coupé, autrement meilleur que ceux qui arrivent chez nous en boîte!) et laisser le tronc quelques jours sur le sol en attendant que ces grosses larves s'y développent. Les habitants des commuanutés de la forêt (surtout les enfants) aiment les manger crus (c'est-à-dire vivants...), fraîchement "cueillis" dans l'arbre. Mais la plupart des gens les récoltent en quantité et les amènent à la ville pour les vendre, généralement grillés.

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C'est ainsi que le dimanche, jour de marché au Coca, une partie de la ville est envahie par la fumée des dizaines de petits barbecues sur lesquels les femmes font griller les vers. Le principe: on embroche 4 ou 5 vers, vivants (pas plus car ils sont très gros!), on dépose la brochette "mouvante" sur la grille, et lorsqu'elle ne bouge plus et que les vers ont pris une belle couleur dorée... c'est prêt!

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Je suis sûre que ca vous dégoûte...et pourtant c'est vraiment bon et plein de protéines en plus :-)

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6 avril 2009

Des hommes et des femmes admirables ...

Extrait d'un témoignage de José Rodriguez, ex-coopérant Espagnol

"Quand je suis arrivé ici, je connaissais l’existence de FUSA et Sandy Yura, mais sincèrement, je n’avais pas d’idée claire de ce qu’était la santé communautaire et quelle fonction remplissait exactement un promoteur de santé. Quand tu viens d’Espagne, où existent des services de santé totalement gratuits pour tous et avec l’une des meilleurs qualités du monde, tu ne peux pas comprendre le rôle  ni l’importance du promoteur de santé.

Il faut venir ici, et constater que l’Etat est absent, que l’unique hôpital de la zone manque de banque de sang, de médecins, de lits, de matériel, de médicaments. Qu’ il faut payer pour tout. Que les communautés rurales nécessitent des heures pour arriver à la ville, un jour entier de navigation pour les Kichwas qui vivent dans le bas de la rivière. C’est quasiment impossible d’y arriver pour les gens qui n’ont même pas d’argent pour payer le trajet en barque.

Mais il faut voir aussi comment les compagnies pétrolières offrent des médicaments, paient les médecins, achètent les consciences … avec l’objectif que les communautés ne s’organisent jamais, pour que personne ne questionne leurs actions et qu’on ne leur exige rien.

C’est seulement en tenant compte de tous ces éléments que l’on peut comprendre à quoi servent les organisations communautaires telles que FUSA et Sandi Yura."

Qui sont les promoteurs de santé ?

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Ce sont des hommes et des femmes, de 16 à 66 ans… des gens, comme vous et moi …

… Sauf que, sans vouloir dévaloriser personne, entre vous et moi, rares sont ceux qui pourraient assumer une vie comme celle-là.

Les promoteurs de santé sont des paysans habitant les communautés, qui volontairement suivent une formation de premiers soins de santé, afin de pouvoir offrir aux gens de leur communauté un minimum d’accès aux soins de santé de base.

Comment devient-on promoteur de santé ?

La Fundación Salud Amazónica, où je suis volontaire, offre des modules de formation. Chaque module se déroule durant  5 jours, tous les 3 mois. Un promoteur de santé, pour être reconnu comme tel, doit avoir suivi trois années complètes de formation, et réussir un examen. A l’issue de ces trois années, le promoteur est apte à recevoir des patients et à gérer un botiquin comunitario, c’est-à-dire, un petit dispensaire communautaire.

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Ces promoteurs sont formés sur différents thèmes, tels que les premiers soins de santé, la planification familiale, le diagnostic des maladies simples, les sutures, les soins dentistes, la prévention des maladies infectieuses tels que la dengue et la malaria, la nutrition, la pédiatrie, l’usage des différents médicaments…

Le fait d’assister à ces cours est souvent un sacrifice pour ces personnes qui perdent du coup une semaine de travail dans leurs champs. Les femmes, plus particulièrement, doivent laisser leurs enfants à une autre personne (ce ne sont généralement pas les maris, souvent absents, qui assument cette tâche), ou les emmener avec elles au cours. D’autres doivent affronter  leur mari qui s’oppose à ce qu’elles sortent de la maison.

Assister à ces formations demande donc une certaine volonté, mais assumer le rôle de promoteur de santé en demande davantage encore !

Le promoteur, surtout lorsqu’il est reconnu pour son savoir-faire par les gens de sa communauté, a énormément de responsabilités à assumer, celles-ci s’ajoutant à son travail quotidien.

Un exemple: Simon, mon collègue. Il a commencé comme « simple » promoteur de santé mais fait maintenant partie, depuis deux ans, de l’équipe technique de FUSA. Etant promoteur de santé depuis une dizaine d'années, il a beaucoup de reconnaissance au sein de sa communauté et les gens viennent parfois de loin pour une consultation.

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Sa journée type ?

Comme la plupart des paysans, réveil à 4h00 du matin. Certains patients viennent le voir dès cette heure là, avant qu’il ne parte pour la FUSA. 6h30, sortie de sa communauté, 30 minutes, jusqu’à Sacha, la petite ville la plus proche. De là, une heure de bus pour arriver au Coca et commencer son travail comme technicien de FUSA: appui à l’élaboration de projets, sorties vers d’autres communautés pour donner des ateliers sur les thèmes de santé ou de production agricole. 18h00, fin du travail à la FUSA. 20h00, de retour chez lui, les patients l’attendent. Il mange entre deux visites, et reçoit des patients parfois jusque tard dans la nuit. Le lendemain, levé à 4h00 et on recommence ! Les week-ends sont consacrés aux travaux des champs qu’il ne peut pas réaliser pendant la semaine.

Et c’est parti pour toute la vie ! Ca vous tente ?

Tout ceci en tenant compte que ces promoteurs de santé ne reçoivent aucune compensation financière pour leur travail! (La FUSA disposant uniquement de l’argent nécessaire à la formation et au suivi des activités des promoteurs.)

Cependant, les choses pourraient commencer à changer ! Dans le cadre du nouveau modèle de santé "Intégral, Familial et Communautaire", mis en place par le gouvernement au niveau national, les promoteurs de santé sont en passe d’être reconnus par le Ministère de la Santé comme de véritables acteurs de santé. Effectivement, le nouveau modèle proposé voudrait pouvoir se targuer d’offrir un accès gratuit à la santé POUR TOUS ! Mais comment atteindre les habitants des communautés se trouvant parfois à plusieurs heures de marche dans la forêt ou de pirogue, si ce n’est au travers de promoteurs de santé qui y vivent et y apportent l’unique service de santé depuis des années ?

Cette reconnaissance commence peu à peu, avec la mise en place d’un plan d’épidémiologie communautaire, qui consiste à rescenser et identifier pour chaque famille de chaque communauté, les maladies existantes, mais également les risques biologiques, sanitaires et socio-économiques liés à la santé. Ceci afin de permettre au Ministère de la Santé d’apporter aux communautés une attention de santé gratuite et adaptée. Les principaux acteurs de cette récolte de données sont les promoteurs de santé, chacun d'entre eux se chargeant du "rescensement" de sa communauté. Cette étude épidémiologique devrait être menée dans toutes les communautés du pays - ce qui n'est pas une mince affaire! Pour ce qui est de la FUSA, elle se charge d'appuyer le travail de récolte de données dans les 35 communautés métisses et Shuars avec lesquelles elle travaille.

J’ajoute quelques photos du dernier cours donné en janvier … Celui-ci avait pour but la socialisation de ce nouveau modèle de santé auprès des promoteurs. Nous avons ensuite accompagné chacun d'eux pour qu'il diffuse à son tour le nouveau modèle auprès des habitants de sa communauté.

Au cours de cette semaine de formation, j’ai eu l’occasion de discuter et de faire connaissance avec la plupart des 20 promoteurs qui étaient présents. Des témoignages de vie souvent touchants, impressionnants  de force et de dévouement !

Pour la petite anecdote (et pour ceux qui connaissent ) j’ai expérimenté avec eux une partie de « loup garou » à grande échelle…et pour donner écho à la réalité de l’Amazonie, les loups étaient devenus des pumas et la voyante était un shaman ! Un grand moment !

12 mars 2009

Yana Curi, celui qu'on appelait l'Or Noir

Le pétrole polue

Le pétrole corrompt

Le pétrole tue

Le pétrole divise

Le pétrole contamine

Le pétrole achète les consciences

Le pétrole anéantit la nature qui l'a pourtant généré ...

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Si on l'appelle "or", c'est sans doute parce qu'il est aussi, voire davantage prisé que ce dernier. Et pourtant – tout comme l’or - ... on aurait mieux fait de le laisser là où il était ce fameux pétrole!

Ici, dans l'Amazonie équatorienne, le pétrole - "el crudo" comme ils l'appellent - et les activités qui y sont liées sont une réalité quotidienne. Première source d'emploi de la région, l'extraction pétrolière est présente et visible partout.

Deux oléoducs traversent ainsi le pays, transportant le pétrole de l'Amazonie vers la Côte. L'un est géré par la compagnie pétrolière nationale, PetroEcuador et l'autre par les nombreuses compagnies étrangères présentes sur le territoire.

La ville d'El Coca, était encore, il y a 25 ans d'ici, un village perdu au milieu de l'Amazonie. Avec l’arrivée des compagnies pétrolières dans les années 70 a commencé un travail de déforestation massive et la construction de routes qui ont permis, petit à petit, la colonisation par des populations venant d'autres provinces du pays, à la recherche de travail et de terres fertiles.

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Aujourd'hui, la Via Auca, "la route vers les Sauvages" s'enfonce dans la forêt, jusqu'en territoire Huaorani, peuple indigène dont certaines branches vivent encore en isolement volontaire. Cette route est bordée de dizaines de communautés, composées pour la plupart de Métisses - ou colons - venus s'installer sur ces terres vierges et fertiles rendues accessibles par la route.                                                                     

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Le paysage de l'Amazonie est entrecoupé par les infrastructures pétrolières: des kilomètres de tuyaux d'oléoducs, des puits de forage, et les fameux chalumeaux qui brûlent nuit et jour le gaz pétrolier, contaminant gravement l'atmosphère. De plus, depuis des années, des millions de barils de déchets toxiques issus de l’extraction du pétrole ont été déversés dans la nature sans aucune forme de traitement préalable, occasionnant une réelle destruction des diverses formes de vie existant dans l’Amazonie.
                               

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De nombreuses études ont permis de mettre en évidence les cas anormalement élevés de certaines maladies dans les communautés vivant proche des puits pétroliers. L'on retrouve le plus fréquemment les infections cutanées, produites par l'usage de l'eau contaminée des rivières ; et les infections respiratoires, dues à l'extrême contamination produite par les particules de gaz brûlé et répandues dans l'atmosphère. Mais l'on signale également de nombreux cas de cancers du larynx, de l'estomac, de la peau et des poumons.

Et puis il y a aussi les études sismiques - qui consistent à faire exploser à la dynamite un territoire délimité afin d'y évaluer la qualité du pétrole qui s'y trouve éventuellement. Quadrillant sans cesse de nouveaux territoires, les compagnies pétrolières emploient, pour quelques mois, les habitants des communautés - les mêmes qui en subiront les dommages environnementaux! - qui, pour un salaire de misère iront poser les câbles et la dynamite au plus profond de la forêt. Pourquoi ces gens acceptent-ils de faire cela? Parce qu'ici, avoir un revenu stable, même si ce n'est que pour trois mois, est un grand luxe...et malheureusement, c'est souvent une grande chance pour la majorité d'entre eux d'être employés par La Compagnie.

Ces études sismiques - qui débouchent le plus souvent sur le creusement d'un puits pétrolier - ont des conséquences sur l'environnement : glissement de terrain, perte de terres cultivables, fuite des animaux vers d'autres lieux. Mais également des conséquences - inattendues!- sur la santé: elles provoquent des épidémies de rage, transmises par ... les chauves-souris!! La détonation de la dynamite produit un "court-circuit" dans le système nerveux des chauves-souris qui, enragées, se mettent à mordre les humains. Cela ressemble sans doute au scénario d'un mauvais film d'horreur, et pourtant ... ces moments là sont de réels états d'alerte pour les unités de santé se trouvant dans la zone!

Concernant les états d’alertes ... je vous informais il y a peu d’une fuite de pétrole qui s’est produite le 25 février dernier dans un oléoduc, provoquant la contamination du fleuve Coca qui alimente en eau « potable » la ville de Coca. Depuis ce jour, 35 000 personnes sont toujours sans eau courante, et cette situation risque de durer des mois, le fleuve étant hautement contaminé ! Les camions citernes prêtés par la compagnie pétrolière continuent donc sans relâche à distribuer de l’eau aux habitants de la ville. Mais, ironie du sort ou plutôt « foutage de gueule », premièrement l’eau distribuée vient soit du fleuve Napo - l’un des plus contaminés du pays pour les nombreux écoulements de pétrole qu’il a connu antérieurement - soit de lagunes d’eaux stagnantes … et deuxièmement, les camions qui transportent cette eau sont ceux qu’utilisent habituellement les compagnies pour transporter l’essence ( pensez-vous qu'il soit possible de nettoyer ce genre de réservoirs?) !! On nous distribue donc de l’eau polluée et portant des résidus d’essence pour remplacer l’eau contaminée par le pétrole ?! ... Sans commentaire ...

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Et comme c'était quand même un peu "risible" de distribuer de l'eau dans des camions sur lesquels on peut lire en grand: "danger inflammable" (¿¿de l'eau inflammable??), certains ont eu le soucis de transformer cet avertissement en "non inflamable" ... Ha bin nous voila rassurés!!

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Le pire reste bien entendu la situation des 47 communautés indigènes vivant sur les rives du fleuve…ceux-ci ont eu droit à une distribution de bouteilles d’eau potable… environs 8 litres par famille… pour tenir plusieurs mois? ... De nouveau sans commentaire…
Ces populations – n’ayant souvent pas d’accès à un centre de santé - courent, dans l'immédiat, de graves risques d’infections cutanées, d’ulcères et d'intoxication … Le Ministère de la Santé fait de la sensibilisation auprès de ces communautés en les incitant à consommer l’eau de pluie (contaminée par les gaz brûlés dans l'atmosphère mais sans doute « un peu moins dangereux ») et non l’eau du fleuve. Ce même Ministère essaie également de dénoncer les dangereuses pratiques de distribution de l’eau dans la ville … mais comme la responsable de ce désastre est la compagnie pétrolière NATIONALE … certains préfèrent se taire…le gouvernement en premier lieu !

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A quelques jours de la Journée Mondiale de l’Eau… je suis … dubitative!

Malgré tout cela, chez nous, on s'obstine à parler de la "menace" que constitue la fin du pétrole pour l'économie mondiale. Et pourtant...dans le sol de cette région tellement riche en biodiversité, il y encore des milliers de barils exploitables! Ce qui semble signifier que la menace n'est pas la fin du pétrole, mais bien le fait que des activités d'extraction puissent encore se poursuivre pendant des années!

Première mondiale ... Afin de préserver la biodiversité de la planète et la vie des peuples indigènes vivant en isolement volontaire, le Gouvernement équatorien avec le soutien des Nations Unies et de plusieurs organisations internationales ont lancé le « Projet Yasuni ». Au travers duquel l'Etat Equatorien s'engagerait à laisser le pétrole à perpétuité dans le sol du Parc National Yasuni (se trouvant dans le Nord Est de l'Equateur, zone que je viens de vous décrire), moyennant compensation financière de la part de la commuanuté internationale pour les pertes endurées par la non-extraction de ce pétrole qui constitue 60% du PIB! Comme un geste solidaire mondial pour sauver la planète ... ou ... une "goutte d'eau" au milieu de ce désastre? Pour ma part, je vais m'arrêter là. Mais n'hésitez pas à vous informer! www.sosyasuni.org/fr/

Et surtout AGISSEZ ou REAGISSEZ, la consommation de pétrole, chacun de nous peut participer à la réduire!! Pour une décroissance positive!!  www.decroissance.org 

L'Amazonie,

AVEC ...

E E

... ou SANS l'extraction du pétrole ??

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3 mars 2009

Flash d'actualité

Avant de vous faire part d'un article tout entier consacré à cette "merde" (et je pèse mes mots!), juste un petit exemple de ce que la présence de pétrole peut impliquer au jour le jour dans un pays comme celui-ci.

Mercredi passé, une "fuite" dans l'un des deux grands oléoducs qui traversent le pays de l'Amazonie vers la côte. Evènement banal...vu la qualité de tuyaux utilisés, il n'est pas rare qu'ils se rompent par endroits.

Le lieu de la fuite se trouve près de Baeza, à quelques centaines de kilomètres d'ici. 14 000 barrils de pétrole se sont répandus dans la zone, et essentiellement dans la rivière Santa Rosa, qui débouche sur la rivière Quijos qui elle-même...débouche sur le fleuve Coca, qui lui-même...alimente en eau "dite potable" la ville de Coca!

Mesure de précaution: coupure de l'approvisionnement en eau de la ville depuis 6 jours, pour un minimum de deux semaines! Mais "heureusement", des mesures ont été prises et des camions citernes répartissent de l'eau gratuite dans toutes les maisons de la ville! Qulle chance! Cette eau gratuite (venant d'une autre rivière) jaunâtre et porteuse de nombreuses bactéries va donc être consommée par les habitants du Coca pendant plusieurs semaines... (Ils n'allaient quand même pas se donner la peine d'aller chercher l'eaudans une rivière un peu plus propre!).      

Sans parler des dizaines de communautés indigènes situées sur les rives du fleuve Coca, pour lesquelles le fleuve est source de vie, par les poissons et l'eau quotidienne qu'il leur procure.

Ce matin aux nouvelles on apprend que la fuite a été réparée et que les compagnies pétrolières peuvent recommencer à fonctionner normalement.

Faudrait-il en plus que le peuple se réjouisse de cette nouvelle???

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1 mars 2009

Lindo, lindo carnaval!

Envie de vous raconter le carnaval que j'ai passé ici... Ceux qui me connaissent savent que je suis une adepte du carnaval de Binche (spéciale dédicace à la famille de Stexhe :-) Mais cette année...je ne regrette pas de l'avoir raté!

Ici, pas de masques, de sabots, d'oranges ni de confettis... MAIS - pour rester dans les références belges - en Equateur, le carnaval ressemble à une Saint-V gigantesque. Une grande partie du pays se transforme en bataille géante d'eau, de peinture, de farine, d'oeufs et de n'importe quelle autre chose qui peut être balancée à la tête des passants... et personne n'est épargné (surtout pas moi, seule européenne de la ville!). C'était du délire complet pendant 4 jours! Pour la plus grande joie des enfants qui, munis de pompes à eau artisanales de tailles démesurées, aspergent ou plutôt trempent tous ceux qu'ils peuvent atteindre...les passants, les gens circulant sur les mobylettes ou à l'arrière des pick-up...mais le plus drôle est lorsqu'ils profitent de la fenêtre ouverte d'un bus pour tremper tous les passagers à l'intérieur qui n'ont aucune possibilité de recul! On trouve donc sur le bord des routes des "armées" d'enfants qui ne quittent pas leur poste durant les quatre jours de fête! Sortir de chez soi devenait comme entrer dans un grand jeu d'aventure! (Inutile de vous présicer que je n'ai pu prendre aucune photo de ces grands moments :-)

Et puis il y a aussi les musiciens...la musique typique du carnaval se joue à deux guitares et un tambour avec concours de couplets. Pendant trois jours j'ai accompagné Nelson -un collègue- et son frère, tous les deux guitaristes. Allant de maison en maison, de soirées en soirées, jouer de la musique, chanter, danser et bien sûr boire la caña (alcool de canne à sucre très fort)... De poste en poste, le groupe des personnes accompagnant les musiciens se fait de plus en plus grand. Dans chaque endroit oú l'on est acceuillis, on nous offre nourriture et boisson. Dans les communautés, le chef de famille tue souvent un cochon ou une poule pour sustenter tous ses invités.
La plus belle journée fut celle du dimanche oú nous sommes allés à la Cayana, la communauté de Nelson...une quarantaine de personnes réunies devant une maison de bois, dansant et chantant au milieu de la nuit de la forêt, accompagnés par le chant des grillons et des grenouilles.

Que ce soit ici ou là-bas, le carnaval reste toujours un moment de convivialité, de fête, de partage et d'accueil! En espérant que cette tradition ne se perde pas!

14 février 2009

Pour me localiser ...

Je profite de la petite page de pub précédente pour vous donner mon adresse - depuis que j'ai remarqué que les colis de Belgique m'arrivent en 6 jours chrono, je suis assez fan! :-)

Fundación Salud Amazónica (FUSA)
Para Emmanuelle Bricq
Avenida Alejandro Labaka y Fray Pastor de Villarquemado
El Coca
EC 220150
Telefono: 080 30 96 38
ECUADOR

Et en prime, une petite carte de l'Equateur, pour vous permettre de me situer! El Coca, c'est au Nord-Est, près de la frontière colombienne. equateurpop1

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14 février 2009

Les cafards sont nos amis, il faut les aimer aussi!

Petite page de pub … je voudrais faire une dédicace spéciale à mes amis les cafards, qui sont toujours bien présents dans ce pays et plus particulièrement dans ma petite maison, que l’on pourrait aussi nommer « le vivarium » (je signale que celle-ci se trouve dans un centre médical…). Petite parenthèse : je partage cette petite maison avec Guillermo, un médecin qui travaille pour la FUSA, en santé préventive et Ana, une laboratoriste.

J’ai donc remarqué que malgré qu’ils fassent partie des insectes les plus mal-aimés, les cafards sont finalement les plus sympas d’entre eux !

Au moins, ils ne te tombent pas dessus pendant la nuit ou ne reproduisent pas un bruit de forêt tropicale qui emplit ta chambre pendant toute la nuit … comme les grillons,

Ils ne volent pas dans tous les sens comme des dingues … comme la libellule gigantissime qui vient nous rendre visite chaque soir,

Ils ne filent pas la dengue ou la malaria … comme les moustiques,

Ils ne piquent pas ta jambe toute entière … comme les araignées,

Ils ne vivent pas dans le pot de sucre et ne font pas d’autoroutes sur les murs de ta chambre … comme les fourmis,

Ils ne poussent pas des cris de jouets en plastique … comme les lézards,

Ils ne vivent pas dans la végétation autour de la maison … comme les rats et les serpents (ça en fait j’aurais préféré ne pas le savoir !)

Bref, c’est bien tranquille un cafard … même si comme tous les insectes d’ici ils ont parfois une taille démesurée par rapport à ce qu’on aurait pu imaginer ! Et quoi qu’il en soit, ma meilleure amie ici restera toujours … la moustiquaire !

9 février 2009

Portrait d'un pays en mouvement

Dans l’un de mes premiers messages je vous parlais de ma « redécouverte de l’Equateur ». Celle-ci ne se résume certainement pas à retrouver ou découvrir de nouveaux endroits ou de nouveaux paysages…L’Equateur d’aujourd’hui, sous certains aspects est très différent du pays que j’ai quitté il y a deux ans et demi. En effet, le pays connaît actuellement d’importants changements à tous les niveaux. Ceci suite à la mise en place par le gouvernement de Rafael Correa, le 17 octobre dernier, d’une nouvelle Constitution, rédigée par l’Assemblée constituante. Cette Assemblée représentant les divers mouvements de la société civile équatorienne.

Si cette nouvelle Constitution, à la lecture, peut paraître exemplaire et porteuse de beaucoup d’espoir de changement pour la population équatorienne, dans la pratique, les choses sont un peu différentes …

Bien entendu, les choses ne vont pas se mettre en place du jour au lendemain, il faudra du temps, une volonté politique forte, et moins de corruption !

Dans le domaine de la santé, des changements positifs sont notables dès à présent, avec un accès gratuit aux soins et aux médicaments dans les hôpitaux publics. Mais malheureusement, l’attention y souvent de bien piètre qualité et les médicaments souvent inexistants … La route est donc encore longue !

Pour le reste, les choses sont loin d’être simples. Outre cette avancée non négligeable pour l’accès à la santé, la Constitution et les nouvelles lois qui se mettent en place petit à petit présentent de grandes contradictions qui posent bien des questions. Le point le plus délicat en étant le fait que toutes les réformes sociales annoncées seront financées par … l’extraction du pétrole ! L’amélioration du bien-être des Equatoriens dépendra donc des fluctuations du prix de l’or noir sur le marché international – et qu’adviendra-t-il lorsqu’on aura épuisé ce fameux pétrole?. Non seulement cela, mais bien plus, baser les réformes d’un pays sur l’argent du pétrole permet très difficilement – comme annoncé dans la Constitution - d’assurer le respect et la protection de l’environnement et des peuples indigènes vivant dans l’Amazonie où se trouvent les gisements ! Lorsqu’on voit les conséquences désastreuses que l’extraction du pétrole peut avoir dans une zone pétrolière comme celle dans laquelle je vis, sincèrement, cette idée fait peur ! 

Ce Président a jouit d’une énorme popularité au début de son mandat, essentiellement auprès des mouvements indigènes, et paysans, très fortement représentés dans le pays. Rafael Correa s’est présenté comme un président de gauche, voulant rompre avec le modèle néolibéral et annonçant le socialisme du XXIème siècle. Mais, il n’était toutefois pas question de se fâcher avec les grands industriels et multinationales pétrolières présentes dans le pays. Ce double positionnement entraîne un double discours qui se reflète dans la mise en place des nouvelles lois, celles-ci ne restant souvent que des demi-mesures.

Pour terminer de tracer le portrait de ce pays aux réalités diverses. Un exemple de ce qu’il reste à faire dans un domaine essentiel qu’est celui de l’accès à l’eau, Je ne parle même pas d’eau potable mais d’eau, tout simplement.

Prenons un cas que je connais bien : Jipijapa, malheureusement loin de constituer un cas isolé dans la région de la côte. Tout le système de distribution d’eau courante est installé depuis des années dans cette petite ville de 35 000 habitants. Or, personne ne jouit d’eau courante… L’eau est un instrument de pouvoir hautement convoité. A Jipijapa, il y a quelques années, la Junta de ressources hydrauliques s’est vue attribuer une somme importante par le gouvernement équatorien pour la mise en place du système de distribution d’eau courante et potable. Les dirigeants s’en sont mis plein les poches et absolument rien n’a été mis en place. Tous les habitants sont au courant, mais personne n’ose ou ne peut réagir. Les personnes ayant essayé de le faire – les responsables de  la  Radio Alfaro de la Upocam par exemple - ont reçu des menaces de mort, les obligeant au silence.

Pour disposer d’eau, les habitants de Jipijapa ont donc deux possibilités. La première : faire remplir environ chaque semaine, un réservoir posé sur le toit de leur maison. Pour ce faire, ils doivent contacter cette même Junta de ressources hydrauliques qui envoie alors un camion citerne – qui vient quand il a le temps – qu’il faut payer pour chaque remplissage. Ces camions indiquent « eau potable » …or quiconque se risque à boire cette eau tombe malade … normal, si elle vient d’un puits d’eau stagnante et mal isolée du soleil et des moustiques !

Autre solution : attendre l’ouverture des vannes …

C’est-à-dire que plus ou moins tous les deux jours, la Junta de ressources hydrauliques - encore elle ! – met en route le système de distribution… la population a alors « la chance » de pouvoir profiter de l’eau courante pendant quelques heures, leur permettant de remplir leurs réservoirs pour les deux jours qui suivent. Bien entendu, personne ne sait à quelle heure l’eau « va venir » ! C’est toujours irrégulier, et souvent pendant la nuit… celui qui a l’oreille assez fine pour entendre son robinet siffler pendant la nuit peut alors se lever, à 4 heure du matin par exemple, pour remplir ses réservoirs, au rythme du maigre filet d’eau qui s’écoule de son robinet.

Voila comment maintenir, en deux leçons, le pouvoir sur toute une population !

En attendant, en deux ans, grâce au bourgmestre de droite au pouvoir, une chose à changé à Jipijapa : la place centrale a été remodelée, plusieurs monuments ont été édifié en honneur à la culture de la région. Les habitants sont maintenant fiers de leur ville ! Utiliser la revalorisation culturelle pour faire oublier les droits fondamentaux non respectés ?

Il y a encore du pain sur la planche Monsieur Correa …

Point positif, sans attendre un changement radical des choses, les organisations locales se basent sur les nouveaux acquis existants pour continuer leur lutte et adapter leur action au nouveau contexte.

Pour cette raison, entre autres, les habitants du bassin amazonien et en particulier les peuples indigènes, après avoir appuyé la présidence de Correa, y sont maintenant de plus en plus fortement opposés.

Beaucoup de changements sont annoncés : la gratuité de l’accès à la santé et à l’enseignement, la sécurité sociale pour tous, un fond d’aide au logement, une valorisation de la culture paysanne et des identités indigènes …

Des droits fondamentaux, qui peuvent nous sembler « normaux », à nous Européens, mais qui, pour un pays comme l’Equateur, représentent un énorme pas en avant !

23 janvier 2009

Un voyage en bus


En attendant mon prochain message, j'avais envie de vous faire partager un texte écrit par Marie-Caroline, mon amie qui travaille près de Riobamba : la description d'un voyage en bus! Celle-ci, drôle et très réaliste, s'applique à la majorité des "courts" voyages en bus en Equateur et je pense même qu'on peut dire en Amérique Latine en général!
Bonne lecture!

Un voyage en bus

par Marie-Caroline Jarreau (Droits d'auteur obligent :-))

Le bus, moyen de locomotion économique très utilisé dans ce pays où le train n’existe quasiment pas, est une expérience à part entière !

 

Tout d’abord, il faut trouver le bon bus !

 

Ici, pas de plan de réseau, de terminaux de départ/arrivée bien déterminés, sauf pour les longues distances. La plupart du temps, il faut demander son chemin, à trois personnes minimum pour s’assurer du bon bus à prendre et ensuite se mettre sur son itinéraire afin d’espérer en arrêter un. Car, la plupart du temps, il n’y a pas d’arrêt signalé, ils sont sauvages et mouvants. Mais avec de bons yeux, vous pourrez lire les destinations inscrites sur des petits panneaux à l’avant du bus afin de savoir dans lequel sauter.

 

Le plus simple est tout de même d’écouter les assistants des chauffeurs crier les destinations des bus à tue-tête : « Quitoquitoquitoooooo, Riobambariobambariobambaaaaa ! »

 

Ca y est, le bus est trouvé, vérifiez la direction auprès du chauffeur ou du contrôleur, des passagers du bus … ça ne coûte rien et peut rapporter beaucoup !

 

Vous montez à bord et là, dommage : plus de place dans le bus ! Mais si, regardez, en voilà une à côté du chauffeur, ou sur un acoudoir, à 3 par siège, … ça rentre ! Même le tableau de bord peut servir de siège, à la seule condition que le chauffeur puisse voir le rétroviseur droit ! Oui, on ne rigole pas avec la sécurité ici. Par contre, les moutons qui ont été montés sur le toit pour voyager, eux, n’ont pas droit à une ceinture de sécurité !

 

Avant le départ, des vendeurs se succèdent dans le bus et bousculent les voyageurs n’ayant pas trouvé de place assise… ils proposent surtout des glaces (les fameuses « Bonice », sorte de « Mister Freeze »), mais aussi des bonbons, des chips, des boissons, du maïs cuisiné ou autres plats chauds à emporter, des fruits en tout genre, des allumettes, des épingles à cheveux, des CD et DVD, … mais aussi des prêcheurs venant annoncer la bonne nouvelle … chacun lance son petit speech pour vous convaincre d’acheter en vantant tous les bénéfices de son produit.

 

Donc vous voilà assis, enfin, « collé » au chauffeur du bus. Quand même une souris ne peut plus rentrer dans le bus, le chauffeur lance des « No sea malito, siga por mas atracito ! » (« Ne sois pas mauvais, avancez un peu plus au fond ! ») aux passagers debouts dans l’allée et il essaie de fermer les portes … c’est parti ! Le bus s’ébranle, on part.

 

A chaque changement de vitesse, le levier vous rentre dans le genou mais comme vous ne pouvez bouger, vous serrez les dents. Le mec assis en face de vous, sur le tableau de bord vous écrase le pied, vous ne dites toujours rien. Le sac de patate situé dans votre dos et la jeune femme assise à votre droite qui s’endort sur votre épaule vous poussent vers le chauffeur, mais vous résistez toujours, de peur de déconcentrer ce dernier !

 

40 min de bus pour rentrer, vous pouvez tenir !

 

A chaque arrêt vont monter un peu plus de personne, vous vous demandez bien comment ils vont rentrer … moi aussi ! Maintenant, les portes ne ferment plus … mais tant pis !

 

Ouvrez grand les yeux et les oreilles, voici un cours de conduite à l’équatorienne : commencer par vérifier que votre klaxon marche, c’est l’instrument indispensable à la conduite, bien plus que les essuies-glaces par exemple ! En effet, le klaxon est un moyen de communication très utile. En France, il est interdit dans une multitude de situations : en ville, de nuit, et quand la situation ne relève pas de l’extrême urgence mais pas ici ! Il a ainsi de nombreuses significations, que seules de nombreuses années de pratique permettent de percer tous les mystères.

 

Pas forcément agressif, j’ai pour l’instant découvert qu’un coup de klaxon pouvait dire :

- Salut !

- Attention je double !

- Dégage t’es trop lent !

- Dégaaaage le chien (ou la vache, le lama, l’âne, le cochon …)

- Le feu est vert !

- Oh une gringa !

- Où tu vas ?

- Qu’est ce que tu fais ?

- Je suis libre (pour un taxi)

- Comment vont les enfants ?

- Et ta femme ?

 

Certains le font simplement par plaisir ou automatisme, j’en suis sûre mais je n’en ai pas la preuve formelle !

 

Le klaxon sert ainsi à s’imposer dans le trafic, et c’est utile ! Que vous ayez la priorité ou non, vous vous ferez klaxonner.

 

Un ralentissement du trafic ? Une voiture respectant une limitation de vitesse ou un stop ?

 

ON DOUBLE ! Et même si on est un vieux bus rempli à ras bord, même pas peur ! On y va, par la gauche, par la droite, là n’est pas le problème. On peut même doubler quelqu’un qui double si la route est assez large. Le principe, c’est qu’il y a toujours quelqu’un de plus lent que soi. Doubler, c’est une question d’honneur !

 

Un virage à droite, j’écrase ma voisine, un virage à gauche, j’écrase … le chauffeur ! Ah zut !

 

Un freinage un peu brusque : 3 ou 4 personnes tombent dans l’allée … c’est pas grave … un dos d’âne approche, on ralentit à peine et c’est tout le bus qui joue aux montagnes russes. Notez que ça n’empêche pas certains passagers de dormir profondément !

 

Le chauffeur augmente le volume de la radio, comme ça on entend moins les gens soupirer ! Il faut dire que dans son vieux bus il a un auto radio flambant neuf et des enceintes qui vous arrachent les oreilles.

 

Et soudain la pluie se met à tomber … mais les essuies glaces ne servent pas à grand chose … il fait chaud dans le bus vu la densité de population et de la buée se forme peu à peu sur le pare-brise … oui, le chauffeur ne voit plus rien! Mais heureusement, le mec assis sur le tableau de bord, qui cache la moitié la visibilité du chauffeur est là ! Et du revers de sa main, il essuie la buée, trop sympa ! Vous respirez à nouveau, on vient d’éviter un camion qui arrivait en face.

 

Votre regard peu rassuré se tourne alors vers les images pieuses de vierges et Jésus qui ornent toute la cabine du chauffeur. « Dios guia mi camino » (=Dieu guide mon chemin) dit un gros autocollant collé sur le rétroviseur … tout va bien donc !

 

Le bus fait un petit détour, oui, les trajets ne sont pas forcément bien fixes ici, mais pas de panique, en voyant votre mine inquiète, votre voisin le chauffeur vous assure qu’il vous mènera à destination ! S’il le dit …

 

Après la route asphaltée, le bus s’engage sur le chemin de terre qui mène à la communauté. On ne compte plus les nids de poule (voire même d’autruche) que le chauffeur n’essaie même plus d’éviter, par contre il continue de klaxonner pour faire en sorte que les vaches ou autres lamas s’écartent du passage.

 

Vous arrivez à distinguer votre point d’arrivée, et vous vous préparez à dire (ou à crier si vous êtes au fond du bus) : « Aqui no máááááás !!!! »

 

Le bus freine, 3 ou 4 personnes retombent …

 

Vous payez 30 centimes, vous parvenez à vous frayer un chemin vers la sortie en récupérant vos sacs, vous manquez de tomber dans les escaliers car 2 personnes y sont assises, vous sortez enfin et respirez en regardant le bus s’éloigner cahotant et crachant de nouveau sa fumée épaisse.

 

Et dire que demain, faudra recommencer !

 

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